Comment parler à un dépressif ?

Posté le 6 mars 2020

Parler à un dépressif n’est pas une tâche évidente . De plus en plus de personnes se retrouvent confrontées à cette situation tout simplement parce qu’il y a de plus en plus de dépressifs. 

La dépression n’est pas une maladie méconnue, cependant l’entourage des dépressifs se sent souvent démunie face à la maladie.  La complexité des émotions du dépressif (Tristesse, morosité, dévalorisation, culpabilité) en déconcerte plus d’un.

Vivre avec un dépressif, c’est souvent se sentir impuissant, dépasser et inquiet pour sa santé et parfois pour sa vie.  En effet, personne n’a envie de voir son proche s’enfoncer de plus en plus dans la mélancolie.

Etant donné que la dépression s’attaque entre autres à l’estime de soi et la culpabilité parler avec un dépressif ne s’improvise donc pas. Même si vous connaissez par cœur votre proche, la dépression a entièrement transformer sa façon de penser. 

De plus, la patience est mise à rude épreuve en effet, au départ, la bonne volonté motive et encaisse les retours négatifs. Mais au bout de plusieurs mois voire plusieurs années, on peut vite perdre patience.  Voici quelques conseils qui peuvent vous être très utiles afin d’avoir les bons mots et les bonnes réactions quand vous parlerez à votre proche dépressif.

Avant de parler à votre proche

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je me dois de vous faire ce petit rappel. La dépression pompe énormément d’énergie que ce soit au dépressif mais aussi à l’entourage.  De ce fait,  Il va falloir être fort moralement et émotionnellement.  La personne en face n’est plus vraiment  là-même.  Sa vision des choses est biaisée par les idées négatives, le manque d’estime de soi, la culpabilité et la peur d’être jugé.

Ne vous oubliez pas dans cette belle cause.  Ayez vous aussi pour vous-même, une oreille attentive.

La compréhension obligatoire

Ou plutôt parlons d’incompréhension. Il existe un véritable challenge entre les proches et les dépressifs.   L’un pointe le nord tandis  que l’autre point le sud ou en fait  le négatif et le positif.

La plupart du temps,  un dépressif demande à être compris alors que le proche demande de la reconnaissance, de la compréhension également…  Les conséquences peuvent être terribles. Je ne veux pas être alarmiste mais réaliste.  Avant même de songer à parler à un dépressif, vous devez comprendre ce qui suit.

Un exemple pour comprendre cette incompréhension

Par exemple, Paul est à la boulangerie et prend un gâteau. Il ramène du coup le gâteau préféré de sa femme Louise.  N’est-ce pas une belle marque d’attention ? Cependant, Louise a des nausées depuis ce matin et voulait du pain… Elle n’a pas parler des nausées, juste de prendre de quoi de manger pour le petit-déjeuner donc du pain…  Elle pensait que Paul l’aurait compris car elle est restée dans la salle de bain depuis qu’elle est réveillée. Qui est à blâmer dans cette histoire ?

L’un a voulu être compris implicitement et l’autre a voulu faire plaisir avec les informations qu’il avait.

Voyez-vous le point ? Un dépressif aura du mal à aller, au départ, dans certains détails de sa dépression. Avant de savoir quoi prendre à la boulangerie, il va falloir savoir ce qui s’est passé dans la salle de bain. À vous de jouer les détectives et quelques fois à aller au-delà des apparences pour mieux comprendre votre proche.

La première chose à faire avant  de parler à un dépressif, est d’abord de comprendre la dépression.

Qu’est-ce que la dépression ?

Pour faire simple, la dépression est une variation de l’humeur. En clair, nous avons tous des variations de notre humeur, une réaction normale face aux situations de notre vie courante.  La dépression force l’humeur vers le négatif, la culpabilité, à la dévalorisation, les idées noires voir suicidaires.

La dépression entraîne :

  • Une perte d’intérêt dans tous les aspects de la vie du dépressif,
  • Une tristesse quasi permanente

Une fois ces éléments en tête, vous pouvez vous mettre dans les chaussettes de votre proche.

Dans cet article, vous découvrirez plus de détails sur les symptômes de la dépression.

Tout d’abord avoir une écoute attentive

Rien n’a plus de valeur qu’une écoute sincère.  En tant que dépressif, nous avons besoin de se sentir écouté et non jugé par notre entourage. Comme beaucoup de personnes se dirigent vers des conclusions similaires comme  « la dépression c’est dans la tête », votre écoute démontera votre compréhension.

Écouter une personne,  illustre la valeur et le respect que vous lui accorder. Cette attitude ne peut être que  bénéfique pour vous et votre proche.

Lorsqu’il/elle exprime ses sentiments, regardez-le dans les yeux et ne lui coupez pas la parole. Laissez toutes les émotions de votre proche s’exprimer.  N’ayez pas peur des longs moments de silences et de gênes.

Lors de vos conversations, vous entendrez toute sorte de propos, des sentiments, des émotions et des propos forts voire déstabilisants ou des traumatismes.

Dans ces cas-là, n’ayez pas peur et faites la part des choses. Comment ? Votre proche est en souffrance, donc il est normal que des propos très sombres se manifestent. Parler de suicide ne signifie pas que votre proche se suicidera. 

 Si vous êtes confrontés à cette situation et que vous avez très peur pour votre proche, vous pouvez en parler à son thérapeute ou vous pouvez appeler ce numéro : 01 45 39 40 00 ( S.O.S Amitié)

Face à la fatalité

Pour commencer,  à cause de la dépression, les propos des dépressifs sont souvent fatalistes. Il s’agit d’un mécanisme de la maladie. Vous pourrez avoir la plus belle explication au monde sur la raison pour laquelle il ne faut pas penser ainsi, vous aurez du mal à changer par ce biais, les pensées de votre proche..

Même si vous rappelez à votre proche qu’il n’a pas à s’inquiéter, ne vous étonnez pas de redire la même chose une heure après… Votre patience sera donc mise à très rude épreuve. Le temps de guérison d’une dépression est long. De ce fait, vous vous répéterez encore et encore.   La lassitude peut vous gagner. C’est le lot de la dépression. (Non, je ne suis pas fataliste. )

Si vous avez l’impression que les sentiments de votre proche n’évoluent pas, c’est normal. Vos propos seuls n’ont aucun poids face à la chimie du cerveau. Le seul moyen pour transformer ce schéma de pensée  est  une thérapie avec un professionnelCombiné au travail du thérapeute et de l’éventuel traitement mise en place, vous verrez des changements sur le long terme. Mais en attendant ?

Si cette situation vous touche et que vous vous sentez abattu, fixer votre esprit sur l’après la dépression. Se focaliser sur l’avenir, aide à patienter face aux moments compliqués du quotidien.

Vous en avez marre de penser à l’avenir ? Réfléchissez aux beaux souvenirs que vous avez eus ensemble, aux moments de joie et de complicité.

Bien réfléchir avant de proposer une solution

Donner des conseils est une bonne chose. Sauf que si votre conseil a été accepté à l’instant T, et que deux jours plus tard votre proche vient vous le balancer en retour du bâton… Que faut-il faire ?

Les conseils que vous apporterez doivent  être le fruit d’une longue réflexion. Je me permets d’en parler dans ce point parce qu’il existe de nombreux conseils sages mais inadaptés au dépressif.  Prenons un exemple.

Je m’explique. Louise se trouve grosse. Elle s’en plaint à Paul et se dévalorise tous les jours. Pour l’aider Paul lui dit : « Tu devrais faire du sport, c’est très conseiller par les psy. J’ai lu que cela aide à reprendre confiance en soi ».

Est-ce un bon conseil ? Oui, un excellent. Sauf que Louise n’arrive pas à sortir de la maison. Elle est en pyjama toute la journée. Reprendre du sport alors que vous êtes devenu sédentaire est un objectif bien trop haut à atteindre.

Dans ce cas-là, Paul aurait dû proposer à Louise de faire quelques pas autour de la maison de temps en temps pour commencer.

Mettez en évidence les difficultés actuelles de votre proche avant de proposer quoi que ce soit. Ainsi vous éviterez de vous sentir frustré et serez d’une aide réelle pour votre proche.

Quand on ne sait pas quoi dire.

Quelquefois, malgré tous les efforts du monde, il arrive de se retrouver devant la personne et ne pas savoir quoi dire, ni de quoi parler sans frustrer, sans blesser, sans être intrusifs, sans offenser… il y a bien trop de sans !

Afin que cet article ne soit pas trop long, j’ai écrit un guide pour vous aider à avoir des sujets de conversation et des phrases pour encourager votre proche. Le point 2 est indispensable pour vous en tant que proche. Je vous laisse découvrir. Comment avoir les bons mots?  Comment parler à un dépressif ?

Exemple de conversation : Dis-moi ce que je peux faire pour toi maintenant. De quoi as-tu besoin ?

Exemple  » quoi dire? «  :Je serais toujours là pour toi. Ne t’inquiète pas de ce sujet.

Ce guide contient :

    •  9 phrases à éviter et pourquoi 
    • 12 propos qui bâtissent
    • 15 exemples d’actions concrètes pour aider votre proche 

 Si vous êtes en dépression, vous pouvez télécharger le guide et le donner à vos proches.

Cliquez ici pour télécharger le guide.

Pleurons ensemble 

Il y a un temps pour tout, un temps pour rire et un temps pour pleurer. En fonction des informations que vous partagera votre proche, les larmes peuvent monter. En effet, il est possible que votre proche vous confît des informations difficiles voire très douloureuses. Ne soyez pas surpris de ses larmes ou même des vôtres.  Dites bye bye aux convenances, un bon gros câlin n’a jamais fait de mal à personne.

Face à la détresse, il y a l’amour. Entourez de soins votre proche par des gestes d’affection et rappelez-lui l’amour que vous éprouvez pour lui.

Dire « je t’aime » n’est pas évident en fonction de notre éducation et de notre caractère. Mais l’un des points difficiles du dépressif est le manque d’estime de soi. En lui exprimant votre amour, vous lui montrerez sa véritable valeur à vos yeux. Cela n’a pas de prix.

Les loupés sont là pour être refait.

Vous avez eu une confrontation malheureuse ? Cela arrive. Nous avons tous des personnalités différentes et de plus la perfection n’est pas du tout de ce monde.  Pour ma part, je ne compte plus le nombre de discussion parties en vrille avec mon conjoint, ma famille et des amis.  Quelque fois, il suffit juste d’un mot de travers, une phrase incomprise ou un quiproquo…

Dans cette situation, il faut au plus vite rétablir le dialogue.  Les disputes augmentent les tensions et souvent le sentiment de culpabilité de votre proche.

Quand la tempête est passée, essayez de parler et de comprendre ensemble ce qui s’est passé et quoi faire pour ne plus se retrouver dans cette situation.  

Que faire face au mutisme ?

Quand on se retrouve avec une personne refusant de communiquer, que peut-on faire ? Déjà, il ne faut pas s’imaginer les pires scénarios. En effet, la seule conséquence sera de vous faire devenir chèvre.  Ensuite, il se peut que vous ne soyez pas le bon interlocuteur pour votre proche. Dans ce cas-là, une personne « neutre » comme un psychologue, psychiatre ou une autre personne de votre entourage peut être cette aide. Ne soyez pas déçu. Le principal c’est d’aider la personne à exprimer ses besoins, ses angoisses, ses peurs etc…

Souvent, mon conjoint s’est retrouvé devant mon mutisme. Quand il me demandait comment j’allais, je répondais toujours : « ça va ». Au bout d’un moment, il a bien compris que je l’envoyais balader.

Malgré le découragement, il a persisté sans trop insister et ma langue s’est déliée. Je pense que tout cela a pris au moins 6 mois…

Mon exemple, n’est pas une généralité mais ne baissez pas les bras et gardez votre calme si votre proche refuse de vous parler.

Si vous n’avez réussi pas à parler avec votre proche le point 3 du guide sera une aide pour vous.  

Si vous êtes en dépression, vous pouvez télécharger ce guide et le donner à vos proches

En conclusion, parler à un dépressif ne s’improvise pas avec tous les points dont nous avons parler.  Il y a  beaucoup de choses sont à mettre en place. N’ayez pas peur et faites les points un par un.  Toutes  vos actions seront notées et bien plus que juste appréciés à leurs justes valeurs.

Manuella

Pour aller plus loin

Le newsletter

Tu aimes les articles du blog ? Tu souhaites recevoir plus de connaissances et plus de conseils ? 

.

Cet article a 8 commentaires

  1. Agnès

    Merci beaucoup pour ce partage, ça m’aide énormément.

    1. Queeney

      Je suis super contente si cet article t’as plu!! C’est le but. Merci à toi.

  2. yasmine

    Un très joli rappel parfois sans pour autant être dépressif parfois ce qu’on veut juste c’est être écouté. On ne demande pas forcément de conseils ou autres. Juste pouvoir parler sans forcément attendre de réponse.

    1. Queeney

      Merci, c’est vrai qu’on ne demande pas conseil, c’est pour cela que je l’ai fait. Pas par envie mais juste parce qu’on y pense pas.

  3. La Boîte à Malice

    Merci pour ce partage et ces codes pas évident à mettre en place… J’ai eu et ai encore dans mon entourage des personnes qui essayent de se sortir de ce cercle infernale. Et il m’est quelques fois compliqué de toujours être dans la bonnne attitude… Merci

    1. Queeney

      Je suis contente que cet article t’ai plu.

  4. Merci pour votre partage, Il y a beaucoup de douceur dans votre article.
    Je le partage à mes proches

Laisser un commentaire

De la connaissance sur la dépression

La dépression est un sujet tabou mais pas ici ! Tu trouveras tout ce dont du as besoin pour comprendre la maladie, en sortir et aider ton proche efficacement ❤.

À ta disposition

Perdu face à ta dépression ou celle de ton proche ? Tu peux me contacter à tout moment.