Parler, expliquer et faire comprendre de dépression à son entourage demande du temps, de la patience, du courage et de la maîtrise de soi.
La plupart de nos proches ne savent pas comment réagir face à la dépression. Même si la dépression est une maladie de plus en plus répandue, tant qu’une personne n’est pas confrontée à la maladie, il/elle ne fait aucune rechercher sur le sujet. C’est pourquoi, on se retrouve avec des paroles ou des comportements maladroits. Au début, nous acceptons car tout le monde peut faire des erreurs… Malgré tout au bout de la énième fois, nous perdons patience, nous sommes découragés et meurtris par leur attitude.
Pour ma part, le jour où je n’ai plus accepté les propos décourageants d’un membre de ma famille je me suis assise et j’ai réfléchi aux problèmes relationnels que j’avais avec mon entourage. J’ai réalisé que certains de mes proches étaient simplement maladroits ou fermés, et d’autres ne savaient pas quoi faire. J’ai donc décidé de me tourner vers la catégorie : « maladroit » et « ne savent pas quoi faire ».
De plus, j’ai dû m’y prendre plusieurs fois car ils n’avaient pas compris ce que je leur avais expliquer.
Après avoir trouvé les éléments à mettre en place, j’ai réussi à me faire comprendre auprès de mes proches. Cela n’a pas été choses faciles, mais ça à marcher. J’ai donc décidé de partager mon expérience sur le sujet.
Expliquer sa dépression demande Une bonne préparation
les 4 étapes
La première clé pour réussir à se faire comprendre par son entourage est de préparer les informations nécessaires afin qu’ils puissent comprendre pleinement votre dépression.
Préparez ce que vous direz, aide de ne pas en dire trop (si vous souhaitez garde des choses pour vous) ou à ne pas dire assez et d’être prêt à répondre à certaines questions presque inévitables… comme « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Comment puis-je t’être utile » …
Grâce à la préparation, nous sommes plus confiants et plus à même de ne pas perdre tous ses moyens lors d’une conversation. De plus, si la situation est trop compliquée, se préparer signifie également mettre fin à la discussion dès le moment où vous sentez que vous perdez pied.
Quels sont les informations que vous souhaitez partager ?
Pour commencer, vous seul décider de révéler ou non certains aspects de votre maladie ou sur votre traitement. A vrai dire, en fonction de l’interlocuteur certaines informations peuvent avoir un bon ou un mauvais effet. De ce fait, vous pourrez adapter et donner les informations nécessaires aux personnes.
Alors, ne me dites pas « je suis déjà au courant…. »Parce que si vous ne voulez pas recevoir le point de vue de tous votre entourage sur certains sujets, ne laissez pas la porte ouverte. Au final, c’est vous qui en souffrirez émotionnellement et pas les autres.
Je vous vois venir, mais j’ai discuté avec beaucoup de dépressifs, me disant qu’ils recherchent du soutien et non des conseils des autres. Comme l’inverse se passe souvent, cela accentue leurs mal-être.
Pour être honnête, je l’ai fait aussi. À la base je recherchais juste du soutien, mais tout le monde a son propre point de vue sur absolument tout. Alors pour éviter d’être amer à la fin, définissez les sujets que vous voulez aborder et avec qui.
D’ autres points sensibles comme la prise ou non d’antidépresseur, les points de vue sur les psychiatres et les psychologues ou bien les hospitalisations etc… ne regarde que vous et votre cercle privé.
Réfléchissez à qui vous souhaiter raconter vos peurs, vos angoisse, car on peut très vite être déçu mais réalisé que notre interlocuteur a besoin de temps pour tout assimiler.
Les conditions de la conversation
Parler au bon moment est également une autre clé pour bien se faire comprendre. En choisissant l’environnement, vous pourrez choisir un lieu où vous vous sentez en confiance comme un lieu qui ne remonte pas de mauvais souvenir. Par exemple, j’étais incapable de parler à mes parents dans ma maison d’enfance pendant un long moment. La maison était liée à une émotion indescriptible. J’ai donc préféré parler en étant à mon domicile personnel.
Vous n’êtes pas non plus obligé de parler de vive voix. La conversation peut être par téléphone ou par écrit. J’ai pour ma part envoyé de nombreux emails à ma famille.
Le fond ou la forme
À mon sens la forme et le fond ne sont pas du tout à négliger. Parce que dire des choses importantes comme parler de sa dépression et de ses besoins, en ayant un ton accusateur ne vous aidera pas forcément à vous faire comprendre dans le bon sens. Même si cette personne est hostile, vos paroles auront bien plus de paroles en étant douce mais franche. Il n’est pas non plus question d’édulcorer la vérité ou de dire les choses à moitié. Évitez si c’est possible selon la situation, d’avoir un ton sec ou des paroles blessantes ou culpabilisantes.
Parlez avec votre cœur, n’ayez pas peur d’exprimer vos sentiments les plus profond, de vous mettre à nu. Ne vous enfermez pas dans des phrases toutes faites non plus. En étant franc, vous aurez aussi une réponse franche de votre interlocuteur.
Expliquez d’abord votre dépression, vos difficultés et ensuite parlez de vos attentes ( aide ou accompagnement).
Soyez conscient des réponses de votre proche
En clair, il est tout à fait possible que vous n’ayez pas forcément la réaction escompter de la part de votre entourage. Tout peut arriver, de la crise de larmes à la crise de fous rires, comme de l’indifférence en passant par le déni et en terminant par une belle moralisation.
Certains vous montreront leur cursus en médecin psychiatrique acquis dans un « Kinder surprise », en vous donnant une flopée de solution médicale illégale pour l’ordre des médecins… Je me moque un peu, cependant ne cataloguez pas forcément ce genre de propos dans de l’incompréhension…
Oui, j’ai bien décidé de prendre la défense de notre entourage. Mettez-vous à leur place quelques minutes, ils viennent de se prendre une claque en apprenant votre situation ou en se rendant compte que vous êtes encore en souffrance émotionnelle.
Leurs réactions ne seront pas parfaites et souvent elles risquent de se tourner vers une solution. N’en soyez pas fâché non, plus. Dites-leur tout simplement ce que vous attendez d’eux.
Vous verrez le comportement de vos proches changer au fur et à mesure des explications que vous leur donnerez, des attentes que vous leur exprimerez et l’attitude que vous aurez face à eux. En claire, il faut du temps pour s’ajuster à nous dépressif, voilà pourquoi la patience revient dans cet article.
Si vous devez réexpliquer faites-le. Le but final est pour vous d’être compris. Chacun possède son niveau de compréhension. Certains comprennent très vite, d’autre auront besoin de plus de précision. Pour ma part, j’ai du expliquer plusieurs fois à mon conjoint mes besoins concernant l’aide concrète à la maison. Tout simplement parce que comme je me sentais mieux, j’ai repris des tâches, mais la fatigue elle était toujours là. Un ajustement obligatoire pour éviter que les assiettes ne volent dans la maison.
Mais si la réaction de vos proches est dégradante, insultante voire même violente… Que faut-il faire ?
Conversation tourne au vinaigre
Si la discussion dérape et que vous sentez que vous perdrez pieds. Arrêtez-là ! Comment ? Vous pouvez utiliser ces deux parades.
- « Je suis désolé mais, là je ne peux pas continuer c’est trop dur émotionnellement ». Quittez la pièce, voir même sortez de l’endroit vous êtes.
- « Mon médecin ou Queeney ( non je rigole^^) ou mon psy me déconseille de supporter des charges émotionnels trop lourdes. Je risque de faire une crise d’angoisse si cela continue ». Si vous pouvez aller dans une autre pièce, allez-y !!
Dans le cas n°2 prendre une autorité reconnue (moi je ne le suis pas du tout^^) permet de raisonner les irraisonnables. La valeur d’un médecin aura un poids sur vos mots. De plus je ne vous incite pas à mentir mais qui saura ce que vous as dit le médecin… Enfin vous voyez ce que je veux dire (Trop grand clin d’œil !)
Prenez le temps de comprendre pourquoi la conversation a dérapé. Est-ce que parce que vous avez mis le doigt sur un point sensible ? Est-ce parce que l’un d’entre vous n’a pas su accepter les paroles de l’autre… Bref, il peut y avoir de multiples raisons. Vous n’êtes pas obligé de repartir voir votre proche le plus rapidement possible. Pensez à vos émotions mais aussi aux siens. Peut-être la personne est en cause de votre dépression, ou bien vous voir ne pas agir dans tel ou tel point la rend malade… Quoi qu’il en soit, trouver une base commune pour reprendre la conversation, si vous souhaitez le faire une autre fois.
Parler de sa dépression en fonction de son interlocuteur.
Prenons quelques cas particuliers pour vous aider à gérer les interlocuteurs les plus proches.
Comment parler à ma moitié
Le proche le plus proche de vous est votre moitié. Que vous soyez ensemble depuis des années ou depuis peu, il est important que la personne de votre cœur connaisse votre situation. C’est très important pour la confiance au sein du couple. Ne rien dire ne protégera pas votre couple.
Pareillement, mettez-vous dans ses chaussettes, je suis sûr que si vous étiez dans la situation inverse vous aimeriez que votre moitié vous en parle.
En écrivant l’article, j’ai décidé d’accentuer ce point, à force de voir tellement de couple se déchirer à cause de quiproquo sur la dépression. A vrai dire, il peut s’agir d‘un manque de confiance en soi ou en son couple… Néanmoins, votre moitié est la personne la plus proche de vous. Que vous viviez ensemble ou non, il est important pour la survie du couple, d’exprimer ses sentiments.
Prenez votre courage, il s’agit de votre meilleur ami(e). Il/Elle saura être présent pour vous. Parlez de toutes vos difficultés au fur et à mesure que le temps passe. Faire des petits points réguliers ensemble permettra à votre proche de connaitre votre état émotionnel. C’est un combat à deux et pour vous faire comprendre, il est important de parler de l’évolution de votre dépression.
Ah, euh… bon, je le dis quand même, même si c’est TRÈS GÊNANTS… Parlez avec votre moitié de votre baisse ou augmentation de libido ! C’est important pour le couple.
Un dernier conseil, quand vous parlerez beaucoup de vos problèmes, n’oubliez pas les siens. Votre moitié a également besoin d’avoir sa place dans le couple. Posez-lui des questions sur ses problèmes, sur sa vie de tous les jours. Ce que vous attendez que votre moitié fasse pour vous que je vous invite à le faire aussi (en action et en parole).
Comment parler à ses enfants.
Les enfants ne sont pas du tout à négliger dans cette histoire. Ils sont impactés par votre situation émotionnel. Ils le savent, le sentent et souvent ne comprenne pas ce qui se passe.
Afin de ne pas donner l’impression que votre maladie passe avant eux : expliquer-leur votre situation clairement en fonction de leur âge.
Un enfant de moins de 12 ans aura besoin que vous lui rappeliez que vous l’aimer toujours. Expliquez-leur qu’ils ne sont fautifs en rien. Il s’agira d’un travail long et récurant à faire avec votre enfant et votre conjoint.
Montrez-lui avec votre moitié que si vous ne pouvez pas vous en occuper (papa, maman, X ou Y) prendront soin de lui. Laissez vos enfants exprimer toutes leurs pensées, poser-leur des questions à cœur ouvert sur la situation.
Pour un adolescent, les étapes avec les enfants sont les mêmes. Expliquez et rassurez votre ado. Soyez prêt à lui donner des choses à faire pour vous aider. Je ne parle pas de tâche ménagère, mais plus pour se sentir utile. Un petit « comment ça va maman/papa », des marques d’attentions qui vous font du bien personnellement (petit-déjeuner au lit par exemple) donneront une âme de super héros à votre enfant.
Comment parler à mes parents ?
Si vous êtes en bon termes avec vos parents, leurs parler de votre situation est une bonne chose à faire.
Malgré tous les efforts, les mots, les actions et autres vous ne pourrez pas empêcher vos parents de s’inquiéter et de se remettre en question. Un parent reste un parent quel que soit l’âge que vous avez.
Ne pas leur parler de votre situation risqueraient de les inquiétés plus. Vous ne pourrez pas empêcher vos parents de penser ce type de phrase : « Qu’est-ce que j’ai fait pour que mon enfant se retrouve dans cette situation ».
Cependant si vous n’avez pas envie de les brusquer éviter les conclusions du psy sur votre enfance pas si idyllique que vous le pensiez.
Comme cité plus haut, je n’ai pas évoqué tous les aspects de ma maladie ni tous les propos sortis par mon psychiatre sur les imperfections ne mon enfance.
Bien sûr, si vous choisissez d’en parler, libre à vous, je ne peux généraliser tous les cas.
Si vous n’êtes pas en bon terme avec vos parents, mais que vous avez besoin de vous libérer d’un poids, c’est à vous de décider si leur parler est la meilleure solution. Comment vous sentirez-vous après la conversation ne regarde que vous.
Manuella
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Cet article a 2 commentaires
C’est vrai que c’est très délicat et ton article est très complet !
Bravo pour la Une sur Blogs Campus !
A bientôt
Audrey
https://pausecafeavecaudrey.fr
Merci beaucoup, je ne savais pas que j’étais à la une😅. C’est un sujet délicat en effet, mais je pense obligatoire face à la dépression. Merci beaucoup pour ton commentaire!