William : 24 ans
* par soucis d’anonymat les photos sont libres de droit de freepik et certains noms ont été changés..
Depuis combien de temps dure ou a duré votre dépression ?
J’ai des épisodes dépressifs réguliers depuis que j’ai 6 ans. Cela fait donc 18 ans avec parfois des moments moins difficiles. Je souffre de trouble de la personnalité qui me rend beaucoup plus sensible à la dépression
Quand avez-vous réalisé que vous étiez en difficulté ?
De mémoire consciente j’ai toujours été comme ça, j’ai été diagnostiqué malade avant même d’avoir la capacité de comprendre ce que ça voulait dire. Mais il a fallut que j’attende mes 20 ans pour prendre conscience de à quel point la maladie me rendait différent des autres, m’éloignait de la réalité. Que ça DEVAIT être combattu et soigné.
Connaissez vous la raison ?
Je suis haut-potentiel, hyper-sensible et j’ai des troubles borderline. J’ai eu aussi des événements traumatisants dans ma vie, mauvais environnement parentale, abus physique, sexuel et viol. Aujourd’hui, un rien peut être un élément déclencheur d’une période dépressive. Parfois, ça vient même juste tout seul.
Qu’est-ce qui vous fait du bien ?
J’en sais rien. Qu’est-ce qui ne me fait pas du mal ? Pour ne parler que de la dépression, en parler m’aide. J’ai décidé d’être ouvert sur ma maladie mentale, y compris la dépression, et ça fait du bien. Ne plus me forcer à sourire, demander aux gens envers qui je suis proche de se montrer patient, moins me forcer à faire des choses dont je n’ai plus envie en attendant que l’envie revienne. En bref, j’écoute et je partage mes besoins. La dépression est un mauvais moment à passer mais ça se soigne et on en sort, ce qu’il faut faire c’est rendre ce moment le moins désagréable possible le temps que ça passe.
Qu’est-ce qui vous redonne le sourire ?
Les messages de soutiens que j’ai parfois quand je poste un message sur les réseaux sociaux. Que quelqu’un me montre qu’il pense à moi, que je suis important même si mes pensées me disent le contraire. Les soirées entre amis, dans un bar ou chez quelqu’un. Mais généralement, ça ne marche qu’une fois que je commence à aller mieux.
Quels conseils pouvez-vous donner à nous, dépressifs ?
Aimez-vous. Les pensées que vous avez ne vous définissent pas, elles ne reflètent pas la réalité. Vous AVEZ un problème mais vous n’ÊTES pas un problème. Consultez un spécialiste, changer s’il ne vous convient pas. Écoutez vos besoins, utiliser votre énergie quand vous en avez pour faire quelque chose qui vous fera plaisir à court ou long terme suivant à quel point vous êtes en forme. Prenez du temps pour vous, même si ça veut dire de ne pas faire le ménage. Armez vous de bons souvenirs et utilisez les pour affronter les mauvais. Il faut réapprendre à son cerveau à être heureux.
Quels conseils pouvez-vous donner à l’entourage d’une personne dépressive ?
Arrêtez de foutre la pression. Ça sert à rien et on sait très bien le faire nous-même. La culpabilisation n’est pas productive, la dépression est une MALADIE. On ne dit pas à quelqu’un qui tousse de mieux respirer, ou une personne dans un fauteuil d’aller faire un footing. Pareillement, ne forcez pas la personne malade à sortir, mais continuez à l’inviter. Gardez les portes ouvertes mais laissez la personne décider si elle veut/peut la franchir ou non. Prenez des nouvelles, montrez lui qu’elle a de l’importance, encouragez et soyez prévenant. C’est un handicape, ce n’est pas à la personne de s’adapter aux autres mais aux autres de s’adapter à elle.
Renseignez vous sur la maladie, contactez des spécialistes s’il le faut, lisez des articles ou des vidéos sur youtube. Ne gardez pas les choses tabous, prenez leur défense si quelqu’un le stigmatise avec des préjugés. C’est une maladie, point. J’suis dépressif, j’en suis fier et si quelqu’un me parle de tare alors c’est un idiot. Par pitié, ne prétendez pas en savoir plus que vous n’en savez réellement. Si vous ne l’avez pas vécu, vous ne POUVEZ pas comprendre. Vous n’êtes pas médecin, vous n’avez aucune légitimité sur comment traiter la maladie. Ce que vous pouvez faire au mieux c’est apporter votre soutien.
Et un dernier conseil, protégez-vous. Si la personne dépressive n’est pas un enfant sous votre responsabilité bah…. Ce n’est pas votre responsabilité. La dépression dégage beaucoup de négativité, vous avez le droit de ne pas vouloir porter ce fardeau (Si je pouvais, je ne le porterai pas non plus !). Ça ne fait pas de vous une mauvaise personne, et vous pouvez quand même partager beaucoup de chose positive tout en gardant de la distance avec la maladie. Expliquez-le de façon respectueuse et patiente et NE DÉNIGREZ PAS ce que l’autre personne ressent. La politique ne m’intéresse pas et j’ai pas forcément l’envie, les capacités ou la motivation d’aller manifester mais ça ne m’empêche pas d’encourager les personnes qui se battent pour faire bouger les choses.
Merci à toi William d’avoir répondu à ces questions. Le premier témoignage est lancé. Si ce témoignage vous a plu, dites-le dans les commentaires.
Si vous souhaitez raconter votre histoire, vous pouvez me contacter à l’adresse suivantes : contact@mydelipression.com